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L'Ardéchoise 2005 |
L’Ardéchoise,
c’est avant tout une fête. La veille, pour rejoindre le départ, Pierre,
Thomas, Benoît et moi avions donc le cœur plein d’enthousiasme pour nous
rendre à Saint-Félicien. Les
cinq heures de route sont donc passées très vite, d’autant qu’une pose déjeuner
à Beaune n’a rien gâché. Une
fois arrivés à Saint-Félicien, on récupère les dossards, on fait un petit
tour dans le village des partenaires, pour admirer les machines de rêve, et on
rentre à l’hôtel, non sans avoir profité de la pasta party. Sur
le parking, nos amis de Lannemezan, Ludovic et Alain, partent faire un tour de décrassage
quand nous nous installons dans les chambres. La
soirée fut courte, mais mémorable : l’arrivée de Ludo a fait l’effet
d’un tremblement e terre dans l’hôtel. Quelle rigolade ! Thomas (aka
« l’Irlandais ») s’en souviendra ! Bref,
avec un numéro pareil on n’allait pas s’ennuyer dans le sas de départ… Onze
heures, au lit. Chaleur étouffante. Quatre
heures quinze. Debout. Au radar, on charge les voitures et on file au départ,
trois-quarts d’heure plus loin. On
est pas mal placés (il nous faudra quand même près de 10 minutes pour passer
la ligne après 7 heures 30, heure de départ officiel). On s’allonge, on
discute, on patiente, on rigole… La pression monte doucement. On attend tous
la libération du départ. L’hélico qui plane au dessus de nos têtes donne
la chair de poule à Benoît. Pierre se concentre. Alain est le plus calme
d’entre nous. Ludo le plus excité. Thomas gère…
Une
dernière barre et hop, on décolle. Les bons mots fusent. Une courte descente,
à un train de sénateur, et la route se rétrécit. Bien placés au départ,
nous évitons l’embouteillage de l’année dernière. On
réattaque une côte derrière, le col du Buisson. Tout va bien. On est groupés.
On s’attend. Ça chahute, ça chambre. Bref, on s’éclate. Les choses vont
se corser… A
Nozières (km 20), dans le faux-plat qui précède la descente, Ludo
organise un petit groupe. Alain est là pour le maîtriser. Il déborde d’énergie.
Pierre a les bonnes jambes aussi. Benoît et Thomas sont en forme. Tout baigne.
On enchaîne sur la descente vers Lamastre, assez technique, mais au beau
bitume. Les virages se succèdent. Je me cale dans la roue d’Alain qui pilote
parfaitement notre petit groupe, quant tout à coup… Ma
roue arrière se dérobe : je pars dans tous les sens, tel Beloki dans le
Tour 2003. Je n’ai même pas le temps d’avoir peur, ce qui n’est pas le
cas des deux secouristes placés en sortie de virage, qui ont vu 85 kg (vélo
compris, hein !) en perdition leur foncer dessus à 40 à l’heure sur la
route avant. Pierre, juste derrière, a vu mon pneu partir en fumée… Bref, la
tuile. Je
repars immédiatement, mais une sensation et un bruit bizarre dans ma roue arrière
m’arrêtent quelques mètres plus bas. J’ai cassé deux rayons. Je continue
tant bien que mal, et réussis à rentrer sur mes compagnons dans le bout de
plat qui suit, après Lamastre (km 30). Ça
remonte doucement, et j’en profite pour me renseigner sur l’assistance. On
me dit qu’un stand Mavic est à quelques kilomètres en haut de la bosse, à Nonières
(km 40). Il faut que ma roue tienne jusque là ! Elle
tiendra. Les techniciens Mavic s’affairent dessus pendant une bonne quinzaine
de minutes, en gérant en parallèle les flots de demandes diverses (graisse,
coup de clé…), le tout dans le flot incessant des cyclos. On se croirait au
bord d’une autoroute un jour de départ, mais sans le bruit ni la pollution.
Les villageois sont aux anges. Des saluts fusent en réponse à leurs
encouragements. Belle ambiance ! Je
pourrais repartir, avec deux rayons neufs et une roue qui tourne globalement
rond. Tant pis pour le temps perdu : j’aurai eu du mal à m’arrêter au
bout de 40 bornes, après plus de 500 km d’autoroute pour venir ! J’ai
une idée : retrouver les maillots blanc i blau du CSC.
On attaque Mézilhac (1.130 m) au Cheylard (km 50), par un long faux plat
qui se monte à un gros rythme. Je me retrouve dans un groupe de costaud et on
tourne bien. La chaleur commence à monter, mais dans chaque village il suffit
de tendre la main pour avoir un verre d’eau (gazeuse ou plate, au choix,
s’il vous plaît). Je
trouve même un compatriote du VTT club de Thuir. Pensez donc : Thuir et
Castelnou, le berceau du CSC sont des frères limitrophes ! Je l’invite,
bien entendu, au « KIL’10 » du 3 juillet, le
contre-la-montre en côte du club (www.cscatalan.com). Ensuite,
la pente s’accentue à Dornas, et c’est vraiment le plus beau col de la
course qu’on emprunte : des à-pic vertigineux dans un paysage sauvage et
magnifique. Pour ne rien gâcher, l’hélico tourne au dessus de nos têtes.
J’ai l’impression qu’il m’accompagne. Je fais un petit signe, au cas où
ils tourneraient la vidéo de l’épreuve… Le
cadre est magnifique et les jambes tournes tranquillement. Je force, ça monte
vite, mais sans me mettre trop dans le rouge. Tant est si bien qu’à quelques
encablures du sommet, j’aperçois Thomas et Ludo. On est au 73ème
km et c’est le premier ravito.
Ça
fait un bien fou de manger et de remplir ses poches, y-compris d’un bon vieux
sandwich au saucisson. Ça fait un bien fou aussi de retrouver des collègues.
On se jette ensemble dans la descente. Ludo fonce comme un boulet de canon, nous
faisant signe de le suivre. Il faut pourtant s’alimenter, et je reste calme,
ma mésaventure encore présente à l’esprit. A
Laviolle (km 80) la pente s’adoucit. Je vide mes poches (sans jeter !) en mangeant les
derniers quartiers d’orange. On
attaque une partie très vallonnée, à partir d’Antraigues, où ça remonte
immédiatement très fort. Je laisse Ludo et Thomas, qui m’ont appris que Benoît
n’était pas très loin devant. En
effet, une côte après, je retrouve mon vieux compagnon. Nous allons, encore un
fois, faire un bon bout de chemin ensemble. C’est
à deux qu’on attaque donc la Barricaude (1.232m), peu après le km 100. Je
n’en mène pas large dans ce long col où la pente ne se calme que très
rarement. Benoît a beau entretenir la conversation, je me mure dans un silence
qui ne cache pas un passage à vide évident. C’est dur. Tout s’y met :
il fait chaud, les pieds commencent à s’échauffer, la selle aussi… Les
kilomètres passent trop lentement à mon goût et les derniers de l’ascension
sont un calvaire. Je ne reste en selle que parce que je sais que le ravito est là
haut, à Sagnes, au km 123, comme me l’indique ma potence. Benoît m’aide
aussi, par sa simple présence, même s’il n’est pas au mieux non plus. Et
le replat arrive ; on se laisse glisser jusqu’au ravito. Je me gave de
fruits, goûte le fromage local (recommandé par une charmante bénévole), et
m’assied dans l’herbe en sirotant le bouillon que m’a servi, contre les
crampes, la secouriste de la croix rouge qui masse Benoît. On ne se refuse
tellement rien que Ludo nous rejoint dans une grand éclat de rire. Nous
repartons donc à trois, Ludo, chaud comme une brésilienne, nous enjoint de
prendre des relais, mais la courte montée vers le Gerbier de Jonc, point
culminant de notre journée (1.416m), le refroidit (temporairement).
Je
me remets doucement, mais quand Ludo et Benoît se jettent dans la longue
descente (du km 130 au km 150), je les laisse prudemment filer. C’est
du reste une descente magnifique. A Arcens (km 145), la pente accentuée se mue
en doux faux plat. Je suis malheureusement seul, et j’en garde sous la pédale
pour ne pas trop m’user. On lâchera les chevaux plus tard. Je
passe devant le ravito de St Martin de Valamas, où l’année dernière nous
nous étions gavés de fromage, et où nous avions pris notre café, paisible,
sur un banc, avec Benoît. O tempora, o mores… disait Cicéron. Pas un
regard. Je
rejoins Benoît au pied de la remontée sur Saint-Agrève, au km 160. Ludo, déchaîné,
est parti devant, me confie-t-il. Nous
montons un instant avec un fringant sexagénaire qui m’assassine le moral en
nous expliquant qu’il fait le 270 km ! Nous devons le laisser partir. Il
finira, nous le verrons plus tard, premier de l’Ardéchoise marathon, dans sa
catégorie… Nous
continuons de concert jusqu’à ce que la pente se fasse plus forte, et il
prend son rythme. Je ne suis pas au mieux non plus. LE calvaire recommence, mais
je m’accroche. Je sais qu’en haut, le col de Clavière (1.088m) marquera la
bascule vers le final. Là-haut, il restera à peine plus de 45 km, alors je me
concentre sur mon coup de pédale, un peu chaotique, en recherchant l’ombre.
Les murets sur le bas côté sont parsemés de types à la ramasse, les pieds à
l’air et la langue pendante. Je dois résister à l’envie de les rejoindre. L’Ardéchoise
c’est aussi cela : des parcours très nombreux pour un public très
divers qui se rejoignent à un moment donné. Alors je côtoie des cyclos en
30-29, ahanant leur peine (je ne suis pas fier non plus), des gars en VTT, des
tandems déguisés. C’est vraiment un esprit à part. La
bascule me fait du bien : je sais que moralement ça ira de mieux en mieux.
Reste à retrouver Ludo. J’avale Rochepaule, peu après le
km 180, pour foncer comme un damné sur l’ascension du Buisson (920m)
et de ses passages à 15%. Mon
contre-la-montre a commencé. Je
descends très proprement, mais vite, tout en vidant mes dernières cartouches
de « potions magiques ». A moi les coups de fouet, cochet ! J’attaque
le début du Buisson (700m à 15 %) calé sur ma selle, avec un air de
cannibale. Ma roue avant décolle de temps en temps, et je ne desserre les dents
que pour sommer, d’une « droite ! » autoritaire, aux cyclos
qui me précèdent, de me laisser un couloir. J’enquille
idem le kilo à 10% qui suit, ainsi que le reste de l’ascension.
Paradoxalement, les 3 derniers km, qui montent moins, mon sont plus dur, mais
j’ai vraiment fait la montée pied au plancher, à tel point que j’ai passé
Ludo en n’échangeant que quelques mots. Je
bascule dans la descente comme un forcené. Je ne dois rien garder, au risque de
le regretter une fois la ligne franchie. On est au km 200. J’ai 9 heures de vélo
dans les jambes. Et je fonce sur Saint-Félicien.
Les
deux derniers km font mal, en légère voire franche remontée, mais je lâche
tout. Une
heure après, j’aurais encore des nausées. Deux
heures après, un bon plat de pâtes nous fera tous le plus grand bien. Trois
heures après, une pizza à Tournon nous régalera encore plus. Quatre
heures après, c’est un bon lit qui nous fera encore plus plaisir. Le lendemain, un dernier petit déjeuner à Tain l’Hermitage, au bord du Rhône, tous ensemble, et nous voilà repartis pour la région parisienne… en rêvant déjà à l’Etape du Tour, et à l’année prochaine ! Joan
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